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Texte de Philippe
BEZARD-FALGAS
(1997)
  1. Les origines
  2. L'arrivée de l'hérésie
  3. Echecs de l'église
  4. Nouvelle croisade
  5. Philippe Auguste
  6. Départ croisade
  7. Simon de Montfort
  8. Raimond VI se rebiffe
  9. La bataille de Muret
  10. Le siège de Toulouse
  11. Deuxième croisade
  12. Résistance Cathare
  13. Siège de Montségur
  14. L'intégration
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COUPABLE DE CROISADE

La croisade contre les albigeois 1208 - 1243

8 - Raimond VI se rebiffe

En 1211, le concile se réunit à Montpellier. Il doit étudier le cas du comte de Toulouse. Raimond VI a participé à la croisade du coté des croisés, mais cela n'a pas fait pencher la balance de son coté. Le concile maintient donc sa sentence envers lui et énonce à Montpellier une charte qui devra être observée par Raimond VI et ses descendants. Cette charte, qualifiée de "Charte Infâme" par les toulousains contient entre autres les points suivants : il devra renvoyer ses routiers ; il devra cesser de protéger les hérétiques et les juifs ; il devra faire maigre 6 jours par semaine ; il devra porter des habits de drap brun et rugueux ; ses châteaux et les remparts de ses villes seront démantelés ; lui et ses chevaliers seront interdits dans les villes ; il ne pourra plus toucher de droits de péage, et il aura pour obligation de partir en terre sainte sous la garde des hospitaliers jusqu'à ce que Rome décide de son retour. Si toutes ces conditions sont réunies, le concile se garde le droit de lui réattribuer ses fiefs, dès la fin de sa pénitence....

Pourquoi cette position ? On aurait pu penser que le concile aurait pu se montrer conciliant... Se pourrait-il que le roi de France ait pu faire jouer ses appuis au concile, et intrigué pour empêcher la réhabilitation de Raimond, et garder ainsi sous son coude le comté de Toulouse par la mainmise de Simon de Montfort ? Ou encore est-ce les évèques et les légats qui ont imposé leur volonté en fonction de leurs intérêts ? La question reste posée...

Evidemment, Raimond refuse cette charte qui le spolie de tout ses biens, et quitte alors la croisade qu'il n'avait intégré que pour défendre ses terres. Il se réfugie à Toulouse et s'y enferme. Simon de Montfort lui, part faire le siège de la puissante ville de Lavaur. Malgré une expédition du comte de Toulouse et du comte de Foix sur l'arrière-garde des croisés, la ville tombe, et Simon, en fureur contre les seigneurs occitans, organise le bûcher de 200 hérétiques et le massacre de 40 chevalier. Dés son retour, il met le siège devant les remparts de Toulouse et va s'y casser les dents. Profitant de leur force, les seigneurs occitans attaquent Simon à Castelnaudary et le battent. En l'absence de renforts, les croisés retournent donc à Carcassonne, poursuivis par les occitans jusque devant Carcassonne, en rase campagne. Malheureusement, les barons du midi ,mal organisés et mal commandés par des chevaliers qui n'ont pas l'habitude de telles batailles rangées, sont repoussés par Simon de Montfort. Chacun s'en retourne alors dans son fief en laissant Raimond VI seul à Toulouse.

Désormais, pour Raimond, il n'y a plus d'alternative : il doit lutter contre l'Eglise et contre la croisade. Il va donc rechercher des alliés sûrs pouvant lui permettre de lutter à armes égales contre Simon de Montfort. Les seigneurs occitans sont, il le sait, des amis fidèles et de rudes combattants, mais leur armée n'est guère nombreuse, et cela fait plus de trois ans que la lutte est dure contre l'occupant français. Par contre, un peu plus au sud, il y a un homme puissant et redouté, c'est Pierre II roi d'Aragon. Pierre II, c'est le héros de la Reconquista du monde chrétien sur la civilisation arabe établie en Espagne. Il est soutenu par le pape et ses évêques pour la victoire de la Chrétienté, et pourtant, il va devenir l'allié de Raimond VI, le protecteur de l'église Cathare ! Cette alliance de la carpe et du lapin répond à des intérêts familiaux et géopolitiques, ces deux aspects étant fortement liés à l'époque, car Raimond VI est le beau-frère de Pierre II : Eléonore, sa femme, est la soeur du roi d'Aragon. La chute éventuelle du comte de Toulouse est aussi pour Pierre II l'arrivée en force du pouvoir royal français, un concurrent en plus dans la région. Il y a bien sûr du calcul dans la réaction du roi d'Aragon : si le comte de Toulouse gagne la bataille avec son aide face au roi de France, Pierre II sera en mesure de devenir son suzerain unique hors de l'influence du roi de France. Par contre, il n'a pas de réaction vis à vis de l'hérésie albigeoise et visiblement, le problème ne se situe pas là. On s'aperçoit par ce fait et nombre d'autres que si la guerre a été déclenchée par la religion, c'est la politique qui la fait continuer. Pierre II suit avec attention l'évolution de la croisade, et plusieurs fois, il a tenté des médiations avec les croisés, notamment lors de la prise de Carcassonne où il avait tenté de raisonner Trencavel. Mais il était aussi dans une situation ambiguë : en Janvier 1211, Simon de Montfort a réussi à se faire reconnaître de Pierre II comme son vassal. Un autre motif de la décision de Pierre II a été l'imposition des coutumes et lois françaises en Languedoc par Simon de Montfort avec les statuts de Muret : désormais, dans le comté de Carcassonne, les hérétiques seront envoyés au bûcher, les juifs seront interdits d'emploi public, un impôt spécial sera levé pour l'Eglise, le métier des armes sera interdit à la noblesse " indigène ", le droit d'aînesse sera obligatoire lors des héritages, contrairement à la vieille loi romaine observée jusqu'alors, et pire encore, les femmes nobles occitanes ne devront épouser que des chevaliers français uniquement avec l'accord de Simon de Montfort. C'est la fin du style de vie gallo-romain, c'est l'imposition de nouvelles coutumes, c'est la fin de la noblesse occitane au profit des barons français. Pierre II en est conscient, et ceci va aussi peser dans sa décision.

Auparavant, dès janvier 1213, Raimond VI abdique en faveur de son fils Raimond VII et rend hommage à Pierre II. De ce fait, le comte de Toulouse "en exercice" n'est plus sous le coup d'une condamnation de l'Eglise, et les combats n'ont plus d'objet. D'ailleurs, Innocent III l'a bien compris et ordonne l'arrêt de la croisade. Pourtant, - et contre son avis - le concile de Lavaur exige la reprise de la croisade et va même l'obtenir ! Encore une fois, les évêques et les légats se liguent contre les comtes occitans et ceci en opposition formelle avec le pape ! Les évêques excommunient même Raimond VI de nouveau, et envoient une mise en garde contre Pierre II. L'armée aragonaise passe alors les Pyrénées et s'avance vers Toulouse qui est toujours tenu par Raimond VI.

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