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Texte de Philippe
BEZARD-FALGAS
(1997)
  1. Les origines
  2. L'arrivée de l'hérésie
  3. Echecs de l'église
  4. Nouvelle croisade
  5. Philippe Auguste
  6. Départ croisade
  7. Simon de Montfort
  8. Raimond VI se rebiffe
  9. La bataille de Muret
  10. Le siège de Toulouse
  11. Deuxième croisade
  12. Résistance Cathare
  13. Siège de Montségur
  14. L'intégration
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Articles
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COUPABLE DE CROISADE

La croisade contre les albigeois 1208 - 1243

2 - L'arrivée de l'hérésie en Languedoc

Dans le pays qui s'appellera plus tard Languedoc, région qui s'étendait en gros de la Provence à l'Est, jusqu'à l'Aquitaine actuelle avec la barrière des Pyrénées au Sud, la situation était assez différente de ce qui se passait dans les autres régions en Europe : bien que le système féodal fût en vigueur, c'étaient les restes de la loi Romaine qui administrait les villes et les campagnes. Le droit d'aînesse, par exemple, qui était de mise dans les états du Nord, n'était pas utilisé dans le midi, les propriétés étant partagées ou mises en "seigneuries multiples". La vie sociale intégrait déjà des assemblées de citoyens avant l'heure, les consuls ou capitouls, qui avaient un pouvoir notamment économique non négligeable et qui administraient notamment les villes nombreuses et puissantes. Les seigneurs féodaux devaient composer avec ce pouvoir "municipal". Le développement économique de la région était important dans une société où le servage était rarement en vigueur. Il faut souligner qu'il y avait à l'époque un esprit de tolérance assez remarquable, qui permit à nombre de communautés rejetées dans d'autres pays de prospérer ou en tout cas, de vivre sans contrainte : c'est vers la fin du XII° siècle par exemple, que furent élaborés les premiers textes de la Kabbale, étude ésotérique des Ecritures juives, écrits par un rabbin dans la région de Narbonne. Il faut aussi remarquer le rôle des femmes dans la société occitane.

Dans ce milieu ouvert et relativement riche, un aspect classique de société développée va apparaître : c'est le coté "culturel" comme on dirait aujourd'hui. Les chansons des troubadours vont connaître un développement important, avec un intérêt populaire non négligeable. Cet essor culturel va déteindre même sur les pays du Nord, où les troubadours seront copiés ou traduits mais rarement égalés. D'un point de vue politique, l'autorité la plus importante est bien sûr le comte de Toulouse et ses plus grands vassaux : le vicomte de Carcassonne et de Béziers, le comte de Foix, le comte de Bigorre et les nombreux autres seigneurs possédant des terres et des forteresses. Le midi en est particulièrement bien pourvu depuis les combats contre les arabes et du simple fait de la féodalité ambiante.

Dans cette société prospère, l'hérésie apparaît vers le milieu du XII° siècle, et s'implante petit à petit à la fois dans les quartiers populaires, mais aussi, et ça c'était nouveau, dans les cercles aisés et dans la noblesse. Sans aller chercher des restes de la vieille religion chrétienne arienne du temps des Wisigoths, il faut chercher les raisons de cet engouement dans un rejet du clergé catholique et notamment des éminences : cardinaux, évêques et abbés, mais aussi peut-être dans une recherche spirituelle plus accentuée. Alors que le catharisme est une religion mettant la priorité sur l'aspect spirituel et philosophique, le christianisme, tel qu'il existait à l'époque, avait intégré les coutumes locales ainsi que les superstitions et il était orienté dans le but de donner un guide pratique de la vie de tous les jours dans tous les domaines à tous les analphabètes qui peuplaient les campagnes et les villes, et à les intégrer à la société. Le spiritualisme était l'apanage des communautés monastiques, encore que celles-ci étaient surtout vues de l'extérieur comme des centres économiques plus que comme des centres réellement religieux. On peut aussi raisonnablement penser que cette progression fut peu endiguée par le bas clergé local qui se trouvait souvent quasiment abandonné par ses supérieurs.

L'hérésie va s'organiser d'autant plus facilement qu'elle va bénéficier de protections. Par contre, elle ne va jamais s'ériger en système politique, et ceci pour les raisons que nous avons vues au-dessus : le renoncement aux valeurs matérielles, et en premier lieu la richesse et le pouvoir. Les Parfaits sont des hommes ou des femmes pauvres vivant de l'aumône qu'on leur fait, et ne gérant aucune fortune ou fief personnel, les biens reçus des croyants cathares étant mis à la disposition de l'ensemble de l'eglise cathare. Les seigneurs protecteurs des hérétiques, quant à eux, le font plus par calcul face au pouvoir de l'Eglise que par conviction réelle, bien que certains aient eu dans leur famille des parfaits ou des parfaites déclarés. Le pouvoir temporel est donc séparé du "pouvoir" spirituel qui n'est pas exercé par les hérétiques de manière coercitive comme l'était le christianisme à l'époque. Le pouvoir politique n'est donc pas basé sur les croyances albigeoises, et l'église cathare, si elle est protégée par les seigneurs, n'a jamais constituée une force politique.

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