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Texte de Philippe
BEZARD-FALGAS
(1997)
  1. Les origines
  2. L'arrivée de l'hérésie
  3. Echecs de l'église
  4. Nouvelle croisade
  5. Philippe Auguste
  6. Départ croisade
  7. Simon de Montfort
  8. Raimond VI se rebiffe
  9. La bataille de Muret
  10. Le siège de Toulouse
  11. Deuxième croisade
  12. Résistance Cathare
  13. Siège de Montségur
  14. L'intégration
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COUPABLE DE CROISADE

La croisade contre les albigeois 1208 - 1243

5a - Philippe Auguste

Le roi de France est un homme énergique dont l'ambition politique avouée est de faire du royaume de France le premier du monde chrétien, d'abord par son influence politique, et ensuite par son expansion géographique. A l'époque médiévale, l'expansion d'un fief ne pouvait se faire que par deux moyens : l'alliance (mariage, héritage, legs...) ou la guerre qui devait être avalisée par l'Eglise Catholique. Philippe Auguste travaillait déjà fortement à l'époque pour une expansion du domaine royal, notamment dans le Nord et à l'Est face au roi d'Angleterre, aux grands féodaux et aux princes allemands. De plus, le roi de France avait parfaitement compris que s'il voulait avoir une influence politique de premier plan, il lui fallait avoir des appuis dans l'Eglise elle-même. Pour s'assurer de cet avantage, Philippe Auguste va placer petit à petit des personnages à sa solde au sein même des cardinaux. Son système sera repris par ses successeurs, et aboutira au déplacement du Saint-Siège à Avignon, en territoire quasi français près d'un siècle plus tard. Enfin, Philippe est le premier roi qui aura la volonté de développer une royauté puissante face à des seigneurs féodaux qu'il combattra pour les affaiblir, en devenant l'allié des autres classes sociales : le clergé et les bourgeois. Il utilisera même les services des Templiers qui deviendront ses banquiers. Au début du XIII° siècle, Philippe Auguste a les moyens de sa politique.

Le Pape demande le soutien du roi de France dans une possible expédition. Philippe Auguste est évidemment intéressé mais il ne souhaite pas s'impliquer directement car ses moyens ne le lui permettent pas. Mais il sait que son appui est indispensable au pape, et il peut le monnayer. Aussi ne va-t-il pas s'engager officiellement, ce qui va faire dire à de nombreux historiens que le roi de France se désintéresse de cette cause. Mais le roi de France ne peut que suivre avec attention ce qui se passe dans le midi. Après tout, les comtes de Toulouse sont ses vassaux directs et si les seigneurs occitans se libèrent de la tutelle de l'Eglise Catholique, ils peuvent aussi se libérer de leur serment. A l'époque, une grande partie de l'Espagne est sous le contrôle des arabes, et le roi d'Aragon n'a pas la puissance des futurs rois d'Espagne, mais une alliance ou simplement la reconnaissance de la suzeraineté du roi d'Aragon par les comtes de Toulouse prendrait le roi de France à revers. De la même façon, le comte de Toulouse est aussi un vassal du roi d'Angleterre, le grand rival du roi de France. Il pouvait donc être de bon ton de mettre au service de l'Eglise Catholique les forces de sa fille aînée, et de récupérer tous ces grands et riches territoires pour les garder sous sa tutelle. Mais le roi a des problèmes : il a déjà participé à la croisade en Terre Sainte qui a entamé ses réserves financières. D'autre part, il est en guerre quasi permanente avec son cousin le roi d'Angleterre, Richard Coeur de Lion puis son frère Jean-sans-Terre, qui de son coté soulève contre lui les autres seigneurs du Nord de l'Europe. Il refuse donc d'intervenir, mais assure de son soutien le pape, et lui propose même de l'aider dans ses négociations avec le comte de Toulouse, Raimond VI.

5b - L'assassinat du Légat

En 1208 en Avignon, est organisée une réunion qui regroupe les représentants du Saint-Siège, ceux du roi de France, et le principal accusé, le comte de Toulouse. Une fois de plus, Raimond VI refuse tout compromis, et la conciliation tourne court. Tout parait déboucher sur une impasse quand un événement imprévu et tragique va pourtant fournir au Saint-Siège un motif de lancer la Croisade : l'assassinat du légat du pape, Pierre de Castelnau, par un proche du comte de Toulouse. C'est la goutte d'eau officielle qui fait déborder le vase, ou en tous cas celle qui est relatée dans la chanson de la croisade. Il est clair que la décision de l'Eglise de lancer une action déterminante contre les seigneurs occitans défenseurs des hérétiques était déjà prise, et que le pape et le roi de France n'attendaient qu'une occasion de ce type pour officialiser leur opération. Mais il fallait bien un prétexte pour lancer l'action et convaincre les princes... La croisade est lancée.

Le comte de Toulouse est, lui, dans une position difficile : excommunié, accusé de protection des hérétiques, le voilà maintenant mis en cause dans cet assassinat, lui qui est quand même venu en Avignon pour négocier avec le Saint-Siège. Le légat du pape, Arnaud-Amaury, ne va pas hésiter : les comtes languedociens voient leurs possessions exposées en proie aux croisés. Le comte, s'il ne réagit pas, est dépossédé de ses terres au profit des seigneurs qui se croiseront pour éliminer l'hérésie. Mais Raimond VI ne coupe pas les ponts. Il part en pèlerinage et se rend à pied sur le tombeau de sa victime présumée, Pierre de Castelnau, à Saint-Gilles. Il s'engage alors auprès du pape et des cardinaux à rejoindre la croisade et à lutter contre l'hérésie. Cet engagement contre ses anciens alliés et vassaux lui permet dans un premier temps de protéger ses fiefs, car toute possession d'un croisé est sous la protection de l'Eglise pendant le temps de la croisade; et à terme de les récupérer. En fait, Raimond VI n'a pas le choix : soit il se croise, soit il se retrouve en guerre contre l'Eglise et tous les seigneurs catholiques. Le choix est certes difficile mais le comte connaît les enjeux, et il sait surtout qu'il sera difficile de lutter contre la féodalité européenne tout entière. Son calcul est donc de récupérer à court terme ses fiefs en se mettant du coté des croisés.

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