L'histoire du château
En
1234, malgré tout, Pierre Mauclerc doit céder devant
la force (l'alliance anglaise ne lui apporte pas l'aide militaire
souhaitée) : il rejoint la mouvance française et le
château de Saint Aubin est remis en gage aux troupes de Louis
IX. A la majorité de son fils Jean (1237), Pierre abandonne,
comme promis, toute activité politique et s'engage dans l'expédition
de Louis IX en Egypte. Joinville en parle alors comme d'un chevalier
assagi et digne d'éloges en tous points.
Le château et la bourgade de Saint Aubin vont ensuite profiter
de quelques décennies de paix qui vont permettre un développement
économique important dans tout le duché.
Vers 1430, sous le règne du duc Jean V de Montfort, la bourgade
est " emmuraillée " et le château est remanié.
Le désir de paix du duc et sa prudence politique ne l'empêche
pas de se garder à ses frontières. La Bretagne vit
en effet une période de sécurité et de prospérité
relative près d'une France à feu et à sang
mais, dans les zones frontalières, les incursions incessantes
de routiers de tous bords obligent à la vigilance.
Trente ans plus tard, la situation est beaucoup moins calme : sous
Louis XI, les ducs de Bretagne participent aux dernières
grandes révoltes féodales. Ainsi, en 1465, François
II adhère à la ligue du Bien Public et 10 000 soldats
bretons sont engagés contre les Français. Les années
passent en escarmouches qui ne donnent pas vraiment l'avantage à
l'un ou l'autre camp.
En 1487, la guerre ouverte avec la France devient inévitable.
Plusieurs barons bretons, partisans du rattachement à la
France et regroupés derrière le maréchal de
Rieux, reconnaissent les droits de Charles VIII à succéder
au duc (qui n'a pas d'héritier mâle). Pour parfaire
la trahison, ils obtiennent l'aide de 6 000 soldats soldés
par le roi de France. L'armée française est en réalité
forte de 15 000 hommes répartis en trois corps et pourvu
d'une artillerie d'excellente qualité. Cette armée
échoue malgré tout devant Nantes (juin à août
1487) et le maréchal de Rieux (fin capitaine de guerre) se
rallie alors au duc redonnant ainsi un peu d'espoir aux Bretons.
Mais le 19 juillet 1488, les troupes françaises de la Trémoille
enlèvent, gràce à leur artillerie, le château
de Fougères malgré la résistance de ses 3 000
défenseurs. Le château de Saint Aubin du Cormier est
investi à son tour et le 28 juillet, à quelque pas
de la bourgade dans les landes d'Usel, les 15 000 Français
tombent sur les 11 000 soldats bretons (il y a avec eux des archers
anglais) que Rieux a rassemblé à la hâte. L'engagement
ne dure que 4 heures mais c'est un véritable carnage : 6
000 bretons restent sur le terrain alors que les Français
ne déplorent que 1 500 victimes. Les vainqueurs ne font pas
de prisonniers : tous les combattants qui portent la croix noire
(signe distinctif de l'armée bretonne hérité
des croisades) sont exécutés.
Le duc François II, vaincu et moralement abattu, est contraint
à la reddition et la paix est signée le 20 Août
1488. Le vieux duc ne survivra pas à l'humiliation : il meurt
en septembre.
A titre de gage, le roi de France conserve plusieurs villes fortifiées
dont Saint Aubin du Cormier.
Les troupes d'occupation y sont toujours en 1490 et le château
sera démembré avant leur départ.
En 1491, la fille de François II, Anne de Bretagne, devient
reine de France en épousant Charles VIII, le vainqueur de
Saint Aubin du Cormier.
Texte de Gérard
Boulé
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